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Harmonieuse énergie

Exposition à La Galerie (1er mars au 30 mars 2006)

Vernissage

(Texte Michèle Frank accompagné de René Wiroth au violon) René Wiroth, mon mari, cet homme perché là-haut sur son échelle avec son violon, a une vraie vision de l’art. Il croit fermement que l’art va changer le monde et rendre les hommes meilleurs. Il va même jusqu’à dire parfois: « Dis-moi combien de vies humaines tu as sauvées et je te dirais quel artiste tu es ». Moi, je le traite de mégalomane quand il tient ce genre de propos. Il pense que le vaste champ de la création doit être labouré pour être projeté dans le futur, pour créer une liaison entre les hommes et la nature, pour rétablir cet équilibre que nous nous appliquons à détruire. Il s’est engagé, il y a une quinzaine d’années, dans ses expositions « Les Cathédrales de Fer », pour que les usines condamnées à être détruites soient réutilisées comme centres culturels, il s’est engagé contre la destruction des objets considérés comme désuets dans son exposition:  » Dans vos ordures, nous avons trouvé nos trésors », il s’est engagé pour la solidarité dans des oeuvres nommées « Sauver l’amour et non le fric ». Tout ce travail lui a valu la médaille du mérite européen pour son engagement social. Mais il pense aussi qu’il est plus facile de rendre la laideur que la beauté , et que c’est de beauté et d’amour que les hommes ont besoin. Certaines sculptures, que vous voyez ici, témoignent d’un désir de fusion, d’autres de la solitude, d’autres encore de la recherche de l’équilibre dans l’espace ou tout simplement de l’harmonie. Moi, j’aime qu’il pense comme il pense. J’aime qu’il croie que l’art et la culture vont changer le monde, que l’humanité suit le mouvement d’une flèche ascendante, comme se plait à dire notre ami Edy Israël. Mais moi, je pense qu’en chacun de nous sommeille un barbare et qu’il suffit qu’il craigne de perdre ce pour quoi il a travaillé, lutté, que ce en quoi il croit lui soit retiré, pour que s’éveille en lui ce qu’il y a de pire et de mieux partagé ici-bas : la cruauté. Si par malheur j’allume la télévision, le soir, au moment des informations, je me demande ce qui va m’autoriser à passer une nuit sans cauchemars, moi qui passe mes journées à plaquer toute mon énergie sur des toiles à grands coups de couteau. Il est vrai qu’il nous en faut de plus en plus pour nous empêcher de dormir. On s’habitue à tout. Les catastrophes naturelles nous ébranlent un instant, déclenchent un mouvement de solidarité émotionnelle, certes, car elles risquent de nous toucher nous aussi. Mais nous avons vite fait de l’oublier, nous autres, les bien nantis, si préoccupés de notre confort immédiat. Les guerres, la violence, la profonde misère se sont éloignés de nos contrées et loin des yeux, loin du cœur, dit-on dans un tout autre contexte. La barbarie, l’obscurantisme, le fanatisme, la privation des droits les plus élémentaires, savons-nous réellement à quoi ils peuvent nous réduire, nous qui nous disons civilisés ? Alors moi, je dois le dire, je ne supporte plus ces moments de lucidité qui me contraignent à penser que je ne serais pas, dans un autre contexte, cette femme, ni pire ni meilleure que d’autres. Que je vendrais peut-être mes amis sous la torture, que je serais peut-être capable de tuer pour les sauver, et que la culture qui m’a été insufflée et dont je suis si friande ne me servirait plus à rien dans une situation extrême. J’aurais aimé vous montrer des toiles de l’envergure de Guernica, mais je n’ai que cela à vous montrer : l’expression cyclotimique d’une énergie débordante, des peurs et des désirs, des déchirement et de l’émerveillement qui peuplent mon quotidien comme peut-être le vôtre. Je me promène dans ces espaces imaginaires où je voudrais bien vous emmener pour aller voir ailleurs, quand le réel me semble intolérable. Excusez-moi du peu et permettez-moi de remercier : Claude Truchi, notre galeriste qui ne veut pas s’affubler de ce nom et qui s’est investi à mort pour la réussite de cette exposition, avec cette générosité et cette sensibilité qui lui sont propres. Tous ceux qui nous sont proches et qui nous soutiennent depuis si longtemps et tous ceux qui se sont ici ce soir, malgré le mauvais temps, pour partager avec nous ce moment privilégié et difficile, où l’on se met à nu devant des inconnus, en livrant son travail en pâture à la critique. Pour finir, je voudrais remercier René, dont j’ai su dès l’instant de notre rencontre, qu’il allait changer ma vie, pour sa tendre présence au quotidien. Michèle Frank le 8.3.06