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Villers-Bettnach 2008

Villers-Bettnach 2008

Exposition René Wiroth à l’abbaye de Villers-Bettnach.

Installation à la Chapelle des Humbles

En entrant dans la chapelle, vous avez dû vous dire : « Tiens, ils ont associé trois artistes qui finalement dialoguent entre eux ! » Mais non, tout cela, c’est du Wiroth ! Chaque créateur tourne finalement autour de trois idées majeures dans son œuvre, de même que nos choix déterminants tournent autour de ces trois questions essentielles : D’où venons-nous ? Que sommes nous ? Où allons-nous ? Mais ce ne sont pas ces questions métaphysiques que se pose René Wiroth. Ses préoccupations tourneraient plutôt autour de ces trois autres : Quelle est ma place dans ce monde ? Comment puis-je justifier mon droit à la vie ? À quoi peut servir mon art ? Conscient en permanence de notre petitesse et du caractère éphémère de notre présence dans ce cosmos si mystérieux, de la difficulté pour chacun de vivre en harmonie avec cette nature si généreuse, de la complexité des rapports humains dans leur histoire personnelle si différente et si semblable pourtant, avec ce besoin et cette ignorance de l’autre et cette soif d’équilibre qui se traduit dans nombre de ses œuvres, il tente de d’échapper à l’enfermement qui nous menace dans cette société du chacun pour soi , advienne que pourra, par la création. Si vous regardez l’installation que vous avez sous les yeux, vous pouvez décrypter ces préoccupations qui sont les siennes. Une mise en scène de personnages moulés sur le corps vivant, personnages prostrés, enfermés, peut-être protégés dans leur coquille blanche comme neige, disposés dans un cercle qui favoriserait la communication pourrait-on penser… Mais non, chacun est isolé dans son monde personnel, dans ses préoccupations banales et quotidiennes. L’un, planté là, les mains sur les hanches, cloîtré dans ses certitudes. Communique-t-il avec avec son voisin, les mains dans les poches, indifférent à ce qui l’entoure ? Et cet autre, plongé dans son journal qui lui dictera comment il faut penser ? Et cette femme qui cherche un réconfort dans sa cigarette , qui lui sert de compagne dans sa solitude, aux côté du célèbre artiste Christian Zeimert, assis sur son « Déclin » comme il dit avec tant d’humour , jouant sur le bleu d ‘Yves Klein comme il se joue de toutes les certitudes. Ces acrobates de la vie, qui semblent vouloir s’envoler vers les étoiles, dans un vol arrêté, comme l’Icare bleu que vous voyez dans le chœur de la chapelle, avec l’illusion d’échapper à cette réalité grotesque que nous montrent les média à longueur de soirées… Ces personnages dans le chœur avec leurs becs d’oiseaux, dont le désir de métamorphose pour se fondre dans cette nature, que nous nous plaisons à détruire, n’a pu n’a pas été assez fort pour leur faire pousser des ailes… Ces bronzes enfin, qui traduisent ce désir de fusion avec l’autre, couples abstraits, l’un qui se profile comme une liane, l’autre, si fusionnel qu’on ne voit au premier coup d’œil qu’un seul personnage, d’autres, plus élancés, en quête de tendresse…Cette femme posée là, cheveux au vent et cette autre qu’il appelle « La Joconde à trois dimensions », malgré l’absence de ce sourire énigmatique qu’a immortalisé Leonard de Vinci… À quoi songent-elles ? Et finalement, pour étayer mon propos sur les questions qui le hantent , « Tricéphale », un autoportrait peut-être du mental de René Wiroth qui illustre mieux que mes mots, si disparate puisse-t-elle sembler, l’unité de cette exposition, ou plutôt de cette méditation à trois dimensions. Ce gaucher contrarié qu’est René Wiroth a une vraie vision de l’art. Il croit fermement que l’art va changer le monde et rendre le monde meilleur. Il va même jusqu’à dire parfois ; Dis-moi combien de vies humaines tu as sauvées et je te dirai quel artiste tu es » Un idéaliste en somme, qui pense que le vaste champ de la création doit être labouré pour être projeté dans le futur, pour créer une liaison entre les hommes et la nature, pour rétablir cet équilibre que nous nous appliquons à détruire. Il s’est engagé, il y a une dizaine d’années dans ses différentes expositions « Les Cathédrales de fer » pour que les usines condamnées à être définitivement détruites ou revendues en Chine soient réutilisées comme centre culturels. Il s’est engagé dans son exposition « Dans vos ordures nous avons trouvé nos trésors » contre la destruction des objets considérés comme désuets et destinés à être broyés. Il s’est engagé pour la solidarité dans des œuvres nommées « Sauvez l’amour et non le fric ». Il s’est investi comme commissaire de l’exposition « Le monde de deux mains » au Centre Culturel de Rencontres, Abbaye de Neumünster, à Luxembourg, pour réhabiliter les gauchers discriminés pendant des siècles et lutter pour un monde moins unilatéral, où toutes les formes de sensibilité et de culture trouveraient leur place. René Wiroth n’est pas un homme de discours. Il a recours à la sculpture, à la musique, aux performances aux installations et à la mise en plâtre sur le corps vivant pour communiquer ce qui l’habite et son travail lui a valu, il y a une dizaine d’années, la Médaille de Mérite Européen pour son engagement social, médaille qui lui a été remise à sa demande dans les locaux du Quart Monde à Luxembourg. À vous de le découvrir ! Michèle FRANK, 9 mai 2008

Exhibition René Wiroth at the Villers- Bettnach Abbey

Entering the chapel you must have thought, “Oh look, they have associated three artists who are finally dialoging with among themselves!” Not at all, all of this is Wiroth! Every creator in the end turns around three major ideas in his work, just as our most important choices turn around three essential questions: Where do we come from? Who are we? Where are we going? But it isn’t these metaphysical questions which René Wiroth asks. His preoccupations turn rather toward these three others: What is my place in this world? How can I justify my right to a life? What is the use of my art? Constantly aware of the small size and ephemeral character of our presence in this very mysterious cosmos, of the difficulty for each of us to live in harmony with this most generous nature, of the complexity of human relationships in our personal history so different and yet so similar, with this need and this ignorance of the other and this thirst for equilibrium which translates itself in many of his work, he tries to escape the confinement which menaces us in this society where everyone is out for himself — ‘come what may’ — by creating. If you look at the installation which is in front of your eyes, you can decipher the preoccupations which are his. A world of personages molded on living bodies, prostrate figures, enclosed, perhaps protected in their shell white as snow, disposed in a circle which one might think would favor communication … But no, each is isolated in his personal world, in his banal and quotidian preoccupations. One, planted there, hands on hips, cloistered in his certitudes. Does he communicate with his neighbor, hands in pockets, indifferent to his surroundings? And this other plunged in his newspaper, who will dictate to him how he should think? And this woman who seeks comfort in her cigarette, which serves as company in her solitude, next to the famous artist Christian Zeimert, seated on his “Decline” as he says with so much humor, playing on the blue of Yves Klein as he manipulates every certitude. These acrobats of life, who seem to want to fly towards the stars, frozen in flight, like blue Icarus that you see in the chapel’s chancel, with the illusion of escaping this grotesque reality which the media shows us all through the evening… These personages in the choir with their birds’ beaks, whose desire to metamorphose in order to melt in nature, that we take pleasure in destroying, could not and cannot be strong enough to make them sprout wings… And these bronzes, which translate this desire of fusion with the other, abstract couples, one with the profile of a liana, the other so fused that one immediately sees only a single personage, other, more slender, in quest of tenderness… This woman posed there, hair in the wind, and this other titled “Three-dimensional Jocund” despite the absence of the enigmatic smile immortalized by Leonardo Da Vinci… What do they dream of? And finally, in support of my remarks on the questions which haunt him, “The Three-headed One” a self-portrait perhaps of the mind of René Wiroth which illustrate better than my words, so disparate as it may seem, the unity of this exhibition, or rather this meditation in three dimensions. This naturally left-handed person who is René Wiroth has a true vision of art. He firmly believes that art will change the world and make it better. He goes so far as to sometimes say, “Tell me how many human lives you have saved and I will tell you the artist that you are.” A total idealist who thinks that the vast field of creation must be labored to be projected into the future, to create a liaison between man and nature, to reestablish this equilibrium that we try so hard to destroy. He fought almost ten years ago with his different exhibitions entitled “The Iron Cathedrals” for the factories condemned to be definitively destroyed or sold in China to be reutilized as cultural centers. He took a stand in his exhibition “In your garbage we have found our treasures” against the destruction of objects considered as obsolete and destined to be compacted. He stood for solidarity in the works named “Save love not money.” He took a serious part as commissioner of the exhibition “The World of two hands” at the Neumunster Abbey Cultural Meeting Center in Luxembourg to rehabilitate the left-handed world discriminated against during centuries and to fight for a world less unilateral where all forms of sensitivity and of culture find their place. René Wiroth is not a man of speeches. To communicate that which is in his heart he uses sculpture, music, performances art for installations of plaster on live bodies earning. Ten years ago, his work earned the Medal of European Merit for his social commitment, medal which has been given by his request to the meeting place of Quart Monde in Luxembourg. You must discover him.

Michèle Frank May 9, 2008