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Itinéraires

Michèle Frank, Cathédrale de Metz, 2012

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Depuis que Robert Féry, chanoine de la Cathédrale de Metz, m’a proposé d’exposer dans ce lieu sacré où les plus grands artistes et artisans ont œuvré pour lui conférer cette beauté, je vogue comme dans un rêve dans cet immense bateau, me demandant comment répondre à cet honneur qui m’est fait. Me demandant comment transposer picturalement la naissance du monde, si mystérieuse, dont la représentation mentale suscite tellement de controverses, selon qu’on l’aborde d’un point de vue spirituel, philosophique ou scientifique. J’ai donc essayé de me plonger dans cette genèse que relate la Bible pour tenter de figurer selon mon imaginaire personnel les eaux, avant la séparation de la lumière d’avec les ténèbres, la séparation de la terre et de la mer, l’apparition de la vie des animaux et des végétaux, la naissance du jour et de la nuit et de l’univers qui serait désormais celui de l’être humain.

Travailler sur un thème pour un lieu si prestigieux n’est pas une démarche qui m’est familière. Quand je me demande, à l’heure qu’il est, ce qui peint en moi, question qui toujours revient après avoir travaillé comme une forcenée sur un tableau, oubliant le temps, la faim, la fatigue, étonnée par ce qui jaillit d’une gestuelle sans contrôle, je pense que ce sont les images emmagasinées dans le subconscient qui émergent. Tel le déchaînement des éléments de la nature en révolte, qui anéantit l’homme et tout ce qu’il a créé pour sa survie. La violence inouïe des catastrophes naturelles auxquelles nous assistons a pris le dessus sur mes peurs et mes émotions personnelles qui, longtemps, ont donné la tonalité aux monologues oniriques qui nourrissaient mon univers pictural. Le travail sur la Genèse est comme un phénomène inversé. La naissance de notre univers et la peur de sa destruction ne relèvent-ils pas du même questionnement ? Que sommes-nous ? D’où venons-nous ? Où allons-nous ? Interrogations qui ont nourri l’imaginaire de tous les créateurs, quels qu’ils soient, quelle que soit l’idéologie à laquelle ils se réfèrent, la partie du monde à laquelle ils appartiennent, quels que soient leur culture, leur environnement ou leur vécu… Questionnement sur le sens de notre existence qui restera éternellement sans réponse qui ait valeur universelle.

Michèle Frank, 20 avril 2012

 

Vernissage

Au commencement, écrit le poète du livre de la Genèse, le souffle de Dieu planait à la surface des eaux.

Au mot souffle, je préfère de loin, le terme hébreu ruah qui dit ce souffle dont on ne sait d’où il vient ni où il va, qui s’empare d’hommes et de femmes qui sont chargés de rendre visible l’invisible, qui en fait des prophètes.

Michèle FRANK et son époux René WIROTH – peut-on les dissocier – font partie de ces artistes qui tracent un chemin de lumière au cœur d’un monde souvent bien sombre. Ce chemin j’ai eu la chance de le fouler en leur compagnie depuis un peu plus de deux ans.

J’ai eu d’abord le bonheur de contempler un jour, au centre de Viller-Bettnach que dirige mon ami Jacques Py, un immense polyptyque. Il était si grand qu’il n’avait été que partiellement monté. Il s’appelait la cinquième saison.

Je suis resté plus d’une heure, assis à terre, devant cette toile, méditant le titre, me laissant prendre par le rêve, car évidemment on ne comprend bien les choses – et même les êtres – qu’en rêvant.

J’ai compris que cette cinquième saison était cet espace de création offert à chacun de nous, pas forcément un espace-temps supplémentaire, mais une partie de notre vie laissée à l’improvisation de l’esprit. Cette saison-là n’est pas réservée aux seuls initiés, mais à tous ceux qui ressentent un jour, profondément en eux, les vibrations du souffle divin et qui, par leur création, rendent visibles ou lisibles, l’union du souffle incréé et du souffle humain.

Cette cinquième saison – vous interpellera au terme de notre « Itinéraire », dans le transept nord, sous les vitraux de Thiébaut de Lixheim et près des baies de la Création de Marc Chagall – j’en ai changé le titre pour l’appeler : « Dieu vit que cela était bon ». Vous noterez qu’il n’est pas écrit : Dieu vit que cela était beau . La beauté est tellement subjective, mais la bonté…la bonté d’une œuvre la rend accessible, elle ouvre au dialogue, facilite la compréhension et rend possible la réception d’une partie du souffle qu’elle contient.

Après avoir pris congé du polyptyque, j’ai rencontré l’artiste, Michèle, dans son atelier, partagé sa table, ses idées, découvert son évolution à travers toutes ces toiles qui disent quelque chose d’essentiel de son cheminement. Et comme elle l’écrivait en janvier 2009 sur la couverture d’un de ses très beaux libres Correspondances en évoquant ses œuvres, j’ai aussi entendu leurs chuchotements, perçu l’échange et la complicité qui les ont fait naître.

Robert Féry, Chanoine de la cathédrale de Metz, 19 mai 2012
Discours prononcé lors du vernissage de l’exposition 

 

Liens

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